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DAOUDA LARY GUEYE, COORDONNATEUR TECHNIQUE DU COLLECTIF "NON A LA CENTRALE A CHARBON" DE B ARGNY : «La centrale va produire 159 000 tonnes de cendres par an »

«Les femmes sont au cœur du combat. Elles sont en première ligne dans toutes les actions engagées par notre collectif. Depuis deux ans, nous avons axé notre lutte sur les plaintes. Elles sont formées et sensibilisées sur la menace d’une telle installation et sur la façon dont elles doivent s’organiser. Aujourd’hui, elles sont signataires des nombreuses plaintes adressées aux bailleurs. C’est dommage qu’une femme comme Voré Gana Seck (Ndlr : conseillère municipal) se soit retirée du collectif. Mais d’autres femmes ont pris le relais pour être les têtes de pont du combat à Bargny Guedj. On se rend compte toutefois que le maire tente de les diviser (…)

«Concernant les enjeux environnementaux, la centrale à charbon va produire 159 000 tonnes de cendres par an. Ces poussières et autres particules fines constituent des produits cancérogènes qui se propagent dans l’air (…) En ce qui concerne le charbon qui sera importé d’Afrique du Sud, il en faudra 9 bateaux par an pour approvisionner la centrale, à raison de 43 000 tonnes par bateau. Et pour le transporter du port de Dakar à l’installation, il faudra 257 voyages par jour avec des camions de 20 mètres cubes. Ceci pendant sept jours. Ce qui ne va pas manquer d’engendrer des embouteillages et des pertes de matières en cours de route. Sans compter l’impact sur la route, la poussière… Il faut une étude exhaustive des autorités sur l’impact environnemental du transport de ce charbon sur tout le tracé.

« Je crains aussi pour les 250 filets tournants des pêcheurs de Bargny, avec 40 personnes par pirogue, sans oublier les activités connexes : transport du poisson, transformation du produit, les écailles qui servent d’engrais, les résidus du fumage utilisé pour préparer les aliments de volaille… Je pense que l’installation cette centrale électrique de 125 Mégawatt à Bargny ne respecte pas le code de l’environnement.

«La loi dispose que ce type d’établissement classé dangereux doit être situé à plus de 500 mètres d’une zone d’habitation, un site recevant public ou un cours d’eau. Or la centrale est bâtie sur deux lotissements (Minam 1 et Minam 2) prévue pour 1433 parcelles destinées au relogement es déplacés de l’érosion côtière. Le régime de Abdoulaye Wade avait sorti un décret d’utilité publique pour allouer l’espace à la CES sans tenir compte de l’existence de ces lotissements. Mais surtout du fait que le quartier le plus proche de la centrale est à 497 mètres, avec ses écoles élémentaire, case de santé, garderie d’enfants, etc.»

S.B DIALLO